Paul Dardé (1888 - 1963) tourna le dos à Paris, à la vie mondaine, à la notoriété qu'elle pouvait lui apporter, et même à l'atelier de Rodin. Mais, lorsqu'on foule le causse du Larzac dont il est originaire, on comprend ses raisons. Le sculpteur Paul Dardé, qui se disait lui-même «tailleur de pierre», est resté toute sa vie fidèle à sa région natale. Né en 1888 à Olmet, il disait « Je sculpterai non pas pour ce monde puant et civilisé, mais pour les solitudes… Où ? Vous le savez : je travaillerai, à l'avenir, pour le Larzac. ». Ses œuvres se trouvent principalement au musée de Lodève. Paul Dardé, qui reçut le prix national des arts en 1920, demeure l'artiste emblématique du Larzac méridioal.
Le pacifisme de Paul Dardé, ancien poilu et qui a perdu un de ses fils lors de la guerre, s'exprime en particulier dans les monuments aux morts qu'il a réalisé dans sa région après le succés retentissant du Faune au salon de 1920.
À Clermont-l'Hérault, le monument s'apparente à une provocation qui fait toujours scandale. Il s'agit d'un cénothaphe, avec à l'intérieur un soldat gisant en loque représentant la mort, veillé par une femme. Ce n'est pas une pleureuse ou une Victoire qui le veille mais une danseuse de cabaret. Elle est à demi allongée, nue, vétue de ces seuls bijoux et ailée comme une Victoire mais avec des plumes en éventail d'une meneuse de revue! Elle observe ce gisant avec un sourire énigmatique. Les interprétations sont multiples et les réprobations à la hauteur de la provocation. Confronter l'horreur de la mort d'un poilu et la luxure insouciante des milieux de la nuit va au delà du devoir de mémoire des monuments aux morts. La réalisation de ce monument durera dix ans, les premiers dessins sont envoyés au Conseil Municipal en 1921, le monument est inauguré en 1927 et terminé en 1931.
Le Monument aux morts de Lodève est sans doute la plus connue et la plus spectaculaire des oeuvres de Paul Dardé. Il y représente les deuils conjoints des différentes classes sociales avec la présence de quatre femmes symbolisant les saisons mais aussi les différences sociales à travers les vêtements, de deux orphelins (le riche et le pauvre) et une pleureuse effondrée sur le corps d'un poilu. Les quatre femmes et les deux orphelins sont figés, graves. Seule la pleureuse exprime le mouvement et la vie mais c'est pour crier sa douleur sur un cadavre.
Le monument est en pierre de Lens (Gard), Paul Dardé a traité la pierre trop blanche à l'acide afin de lui donner l'usure du temps avec une patine rouille.
Celui de Saint-Maurice, taillé dans une pierre du Larzac, est simple et austère. L'auteur l'a conçu dans l'esprit du Larzac préhistorique, sa forme évoquant un menhir.
Biographie de Paul Dardé sur le site de la galerie Emeric Hahn : http://emeric.hahn.free.fr/20emesiecle_sculptures20eme_pauldardebio.htm
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