John Braithwaithe a 32 ans, quand il s'engage pour aller combattre en Europe. Auparavant, il était journaliste et fils de l'ancien Maire de Dunedin.
De mai 1915 à Janvier 1916, il est en phase d'intégration et de formation. Il rejoint l'Otago Regiment. Après un long voyage, il rejoint l'Egypte. Il y est nommé 'lance-corporal' et en Avril embarque pour la France.
1 mois plus tard, premier avertissement pour 24 heures d'absence sans autorisation. Il n'est plus lance-coporal.
15 jours plus tard, il récidive. Il est arrêté mais s'échappe. Nouvelle arrestation, nouvelle évasion. Après sa capture, il est condamné à deux ans de travaux forcés.
15 jours après nouvelle fuite et nouvelle condamnation à deux ans de travaux forcés en sus des précédents. Il est alors interné à Blargie.
En réalité, le modeste village de Blargies était un dépot logisitique mais aussi l'emplacement de deux prisons pour soldats britanniques ou du Commonwealth.
Situé au Nord du village, le camp N°1 fut l'objet de mutineries que nous allons évoquer ci-dessous.
La prison n'est pas telle que l'on peut s'imaginer à priori, avec cellules et portes de fer. Non, il s'agissait d'un camp de prisonniers vivant dans des tentes et qui fonctionnait avec une certaine collaboration entre les prisonniers et leurs gardiens.
Trois cent prisonniers vivaient dans vingt cinq tentes. Ils étaient condamnés à des mois de travaux forcés pour des fautes diverses. Une trentaine de cellules en durs servaient pour les récalcitrants, qui pouvaient alors être enchainés et menotés.
Les conditions d'internement étaient spartiates et les gardiens plutôt sévères. Quelques douches peu de WC entrinaient une promiscuité qui étaient ferments de tensions et d'énervement.
Une première mutinerie éclate le 14 août 1916, où 70 prisonniers refusent d'aller au travail. Des mots violents sont échangés. L'origine du problème est dans des différences de traitements entre les prisonniers australiens et les autres (des affaires de rasoirs !). Le lendemain après un nouveau refus, l'affaire se calme petit à petit. Un des mutins à l'origine de l'incident, W.Lewis sera exécuté à Rouen en Octobre.
Une deuxième mutinerie éclate 15 jours plus tard aussi pour un motif futile. John Braithwaithe y participe. En quelques mots, il assiste un condamné récalcitrant et lui évite temporairement sa punition dans une ambiance électrique où plus de cent prisonniers se sont rassemblés autour . Quand on lit les compte rendus de l'incident rapporté lors du procès, on n'a pas le sentiment que John Braithwaithe ait ici un rôle de fomenteur de troubles. En tous cas sa propre version est qu'il recherchait par son intervention à calmer les parties. De fait, c'est bien le résultat constaté.
On est vraiment surpris retrospectivement qu'un tel incident entraîne des condamnations aussi graves. Il n'y a pas de sang versé, pas de refus prolongé d'aller au travail, même pas de dégats matériels. Cela ressemble plutôt à un énervement des prisonniers confinés et harassés dans la chaleur de l'été.
Suite à cette petite révolte, 4 soldats passent en cour martiale. 3 australiens et un néo-zélandais qui plaident non coupable.
John Braithwaithe explique à la cour: ...être soldat n'est pas ma profession, et je ne ne connaissais pas les règles comme je les connais maintenant. Je ne suis pas né soldat, je suis juste un journaliste qui gagnait de l'argent facilement qui a répondu à l'appel ( engagement dans le corps expéditionnaire ) comme mes frères l'ont fait. Malheureusement, j'ai gravement raté des choses...
La cour ne l'entend pas ainsi et condamne les 4 soldats à la peine de mort.
Quelques jours plus tard, Douglais Haig accorde sa grâce à trois d'entre eux, les 3 australiens mais pas pour John Braithwaithe. En effet l'Australie a toujours refusé de voir fusiller ses soldats.
John Braithwaithe est executé le 29 Octobre 1916 à l'aube. Il est enterré dans le cimetière militaire de Rouen.
Une lettre est adressée à la mère du soldat:
J'ai le profond regret de vous informer qu'un avis reçu par ce service aujourd'hui indique que le soldat nommé ci-dessus a été condamné, après jugement par la cour martiale à être fusillé pour participation à une mutinerie et la sentence a été executé le 29 Octobre 1916. Je souhaite vous assurer de ma très profonde sympathie pour la fin tragique qu'a connu votre fils.
Plus de 80 plus tard, le gouvernement néo-zélandais s'est attaché à accorder un pardon solennel aux 5 soldats néo-zélandais fusillés au cours du conflit.
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