De tous les monuments pacifistes du Bourbonnais, celui de Rocles est sans doute le plus émouvant parce que le plus subtil. Ici, la dénonciation de la guerre et de ses horreurs passe par un buste d'enfant aux cheveux bouclés qui, du haut du monument, contemple la foule rassemblée à ses pieds, en indiquant du doigt le message gravé dans la pierre : « Apprenons à supprimer la guerre ».
La formule, unique en son genre, est à la fois réaliste et pleine d'espoir : elle prend acte qu'un monde sans guerre n'est pas pour aujourd'hui, mais qu'on peut en rêver à condition de bien éduquer les générations à venir. De fait, ce monument est une grande marque de confiance dans l'école de la République.
Sa construction a été décidée très rapidement, après l'Armistice de 1918, par le Conseil municipal de la commune présidé par M. Chardonnet. II est l'oeuvre de M. Charmillon, entrepreneur au Montet, dont le projet avait été retenu en septembre 1919. D'un coût de 3.500 F, il a été financé par le produit d'une souscription organisée dans la commune (1.900 F) et une subvention municipale de 1.600 F.
La commune l'a réceptionné le 15 août suivant. On peut ainsi en déduire que la première cérémonie commémorative organisée à Rocles devant son monument a eu lieu le 11 novembre 1919.
Le projet de M. Charmillon n'avait pas été du goût de la commission départementale d'architecture qui était chargée de donner son avis sur l'esthétique des monuments. La commission avait trouvé que l'inscription « 1914-1918 » gravée en-dessous du buste de l'enfant ne suffisait pas à rendre hommage à la mémoire des enfants de la commune morts pour la France. De toute évidence, la commune passa outre l'avis de la commission, estimant, avec raison, que le message pédagogique visant à « apprendre à supprimer la guerre » remplaçait avec force la traditionnelle épitaphe « Aux enfants de Rocles morts pour la France »
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