François Laurent est blessé à la main gauche dans la nuit du 1er octobre 1914, la dernière phalange du petit doigt de sa main gauche est arrachée. Son capitaine lui demande d'aller se faire soigner à l'infirmerie. François Laurent fut examiné par le docteur Buy à Châlons-sur-marne qui vit une présomption de mutilation volontaire . Ce soldat ne s'exprime que malhabilement en français, il sera accusé d'abandon de poste, condamné par le conseil de guerre et fusillé le 19 octobre 1914. Il est exécuté avec toute une série d'autres soldats condamnés pour le même délit (…).La contre expertise du docteur Paul en 1933 conclut que la pièce médicale du dossier n'est pas suffisante pour prouver une mutilation volontaire ».
Le docteur Buy se justifia en expliquant « si tous mes rapports étaient en partie écrits à la polycopie c'était (…) parce que nous n'avions pas le temps »En effet, il faut savoir que ce docteur utilisait un document polycopié dans lequel il n'avait plus qu'à placer le nom et la blessure. Cela montre bien que les mutilations étaient courantes, et que l'examen médical n'était pas toujours sérieux. En tous cas, ce docteur a envoyé un homme à la mort, juste parce qu'il n'avait pas le temps de bien l'examiner.
Le travail de mémoire d'un instituteur local appuyé par les anciens combattants aboutit à sa réhabilitation en 1933, et donc à l'inscription de son nom sur le monument de Millionnec. En effet le Maire fit retiré la plaque de marbre où était inscrit le nom des soldats morts de la commune, puis il fit graver les noms directement dans la pierre incluant François Laurent, qui apparaissait ainsi dans l'ordre alphabétique. Par ailleurs sa famille perçut en dédomagement une somme de 10 000 francs.
Source : Les fusillés de la Grande Guerre, p. 40 et 102 sq.de Nicolas Offenstadt
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