Jan et Joël MARTEL sont deux sculpteurs français qui avaient la particularité d’excercer, ensemble, leur activité.
Nés le 5 mars 1896 à Nantes, les deux frères jumeaux y réalisent leurs études primaires et se rendent régulièrement durant les vacances scolaires en Vendée à Saint-Jean-de-Monts, et près de Challans, d’où leur mère est originaire.
Après le décès de leur mère en 1906, la famille s’installe à Paris. Les frères entrent au lycée Carnot où ils feront toutes leurs études secondaires. Avec la volonté de devenir sculpteurs, ils intègrent ensuite l’atelier du sculpteur Pierre Vigoureux puis en 1912, ils sont admis à l’Ecole Nationale des Arts Décoratifs où ils poursuivent leur apprentissage.
La guerre sera leur première séparation. Jan est mobilisé en 1915 et part au front alors que Joël est réformé. Leur carrière de sculpteurs attendra la fin de la guerre.
C’est avec la multiplication de commandes de conception de monuments aux morts que s’amorce leur collaboration. Ils en réalisent un grand nombre entre 1918 et 1925, dont ce soldat de Villemeux ou cette pleureuse d'Olonne sur Mer . Cette production réalisée en pierre de Lorraine revêt un caractère régionaliste. Devant le constat des grandes similitudes de leurs réalisations, ils décident de signer conjointement leurs créations et s’installent dans un premier atelier 6 rue Hygens, Paris 14° où ils débutent leurs recherches.
Admiratifs de l’art égyptien et des arts primitifs, les deux frères n’en demeurent pas moins tournés vers l’avenir et ils se passionnent pour toutes les techniques et matériaux nouveaux qu’ils intègrent dès qu’ils le peuvent dans leur art. L’une de leur réalisation la plus importante est un projet de monument en hommage à Claude DEBUSSY (1862-1918) conçu en collaboration avec Jean BURKHALTER (projet conçu entre 1923 et 1932).
Ils exposent aux salons des Indépendants et au Salon d’Automne régulièrement et s’installent en 1927 dans une maison - atelier édifiée 10 rue Mallet-Stevens, conçu par leur ami architecte Rob MALLET-STEVENS, présentée ci contre.
Leurs recherches sont marquées par leurs préoccupations parmi lesquelles figure celle d’une nécessaire relation entre les différents arts. Leurs travaux vont reprendre cette idée avec la réalisation de sculptures représentant des musiciens ou des danseurs. Parallèlement, les deux frères reçoivent dans leur atelier et organisent des concerts, des récitals de danse, des expositions et des conférences.
Proches de l’architecte Rob MALLET-STEVENS , les deux frères vont réaliser avec lui de nombreux projets comme le jardin d’arbres cubistes en ciment conçu pour le ciment armé lors de l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs et Industriels Modernes de 1925 à Paris et s’associent ponctuellement à Jean BURKHALTER, Hélène HENRY, Sonia DELAUNAY et Tamara de LEMPICKA.
Leur création d’une grande diversité comprend de nombreuses sculptures animalières réalisées entre 1919 et 1926, des accordéonistes et de nombreux portraits de leurs contemporains (entre 1930 et 1966). Les deux frères s’intéressent également à l’emploi du métal et notamment du zinc. Ils l’utilisent sous forme de plaques avec lesquelles ils conçoivent des sculptures appelées « Planisculptures ». Les plaques de zinc ou d’aluminium sont recourbées ou pliées pour former des volumes en relief plus ou moins importants. L’une de leur réalisation les plus célèbres de planisculpture est « le joueur de scie musicale » réalisé en 1927 pour la décoration metallique de la Compagnie Royale Asturienne des Mines, une oeuvre qui témoigne à la fois de leurs recherches stylistiques découlant du cubisme et de leur intérêt pour les matériaux nouveaux.
Dans un esprit proche, leurs recherches les amènent à réaliser des bas-reliefs ornant les murs et les dessus de cheminées. Conçus à l’aide d’éléments en miroirs appelés « miroirs polydriques », la réalisation de ces projets est confiée par les sculpteurs au célèbre maitre-vitrier Louis BARILLET, qui collabore régulièrement avec MALLET-STEVENS. Ci contre à droite, un bas relief sur le monument aux morts du Familistère de Guise en Picardie : http://www.familistere.com/site/index.php.
On en trouve un exceptionnel exemple conçu pour le salon de leur ami architecte MALLET-STEVENS en 1928 et le Vicomte Charles de NOAILLES en commande un la même année. Plusieurs projets d’ampleur donneront lieu à d’importantes commandes officielles comme celle d’une planisculpture en métal monumentale d’un « Lion de Belfort » pour l’Hôtel des Postes en 1929.
Les deux frères, toujours dans un esprit de recherche permanente autour de nouveaux matériaux, vont s’intéresser au lakarmé (matériau à base de galathite mélangée à un jus de plâtre) et réaliser des moulages. Première matière plastique créée en 1907, cette substance permet d’audacieux moulages et séduit de nombreux créateurs comme Sognot et Alix.
Leur intérêt se porte également sur le plexiglas (1935), la bakélite, la frégolithe (polystyrène expansé) et le rhodoïd.
Les deux frères, demeurés fusionnels tout au long de leur existence, s’éteignent à quelques mois d’intervalle en 1966, laissant une oeuvre riche et variée.
Sources : Photo du soldat du monument de Villemeux sur Eure : Alain Choubard et photo du monument d'Olonne : http://monuments.aux.morts.free.fr/85_vendee_076.htm.
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