Monuments aux morts pacifistes

Saint Rémy de Provence : Plus jamais ça!

"Les corps ont disparu, restent les âmes et la poésie

Ce monument est dédié aux 185 saint-rémois morts pour la défense de la République française. Inauguré le 29 mai 1921, il est une oeuvre méditée, une création unique, une commande de la communauté saint-rémoise (payée par souscription publique) à une artiste du pays. L'oeuvre de madame Saint René Taillandier est une métaphore du patriotisme attristé par le deuil et criant au : plus jamais ça!

La ville de Saint-Rémy, personnifiée par une provençale, a gravi un rocher symbolique et dépose une palme en bronze en tête de l'inscription :

GLOIRE AUX ENFANTS DE SAINT REMY

QUI SONT MORTS POUR LA PATRIE

DANS LA GRANDE GUERRE 1914-1918.

Au pied de la plaque, où sont gravés les 185 morts, une femme en costume de travail est affaissée, l'oeil perdu. Son jeune enfant symbolisant l'ére nouvelle, se jette dans ses bras."

Le texte ci dessus est extrait de la plaque de présentation située sur le monument de  Saint Rémy de Provence  (juillet 2007).

Château-Arnoux :"Pax, Vox Populi"

A Château Arnoux située dans le département des Alpes-de-Haute-Provence.

Le monument représente une femme éplorée montrant la liste des morts et un homme brisant son arme sur son genou. Enfin, surplombant la colonne qui porte les noms des morts, un globe terrestre couronné d’olivier.

Il y est inscrit "Pax, Vox Populi", "la Guerre est un crime", poème du maire Victorin Maurel gravé sur le monument. Voilà ce poème :

PAX... VOX POPULI / Passant incline-toi devant ce monument !.../ Vois cette femme en deuil montrant les hécatombes / Ses yeux taris de pleurs, scrutent au loin les tombes / Où dorment tant de preux, victimes du moment !... / Ils firent ces héros le solennel serment / De fermer à jamais les noires catacombes / Arrières, disent-ils, les abus et les bombes / Et sois bénie, ô paix, sœur du désarmement !... / Passant, incline-toi ! Regarde cette mère !... / Elle clame à son fils : « la gloire est bien amère / La gloire, ô mon enfant, est là, chez nos grands morts / Mais, sache désormais, que la guerre est un crime / Qu’elle laisse après elle, à de cuisants remords, / Ceux qui firent sombrer les peuples dans l’abîme.

Victorin Maurel, maire de Château-Arnoux (1825-1925), instituteur.

Les monuments de Clans et de Peille prés de Nice

Deux monuments aux morts à proximité de Nice.

Celui de Clans (photo de gauche), dans la vallée de la Tinée, est connu et répertorié comme tel depuis plusieurs années, même si sa qualification de "pacifiste" fait parfois frémir de colère certains. Très simple (il s'agit d'une simple stèle de marbre, portant la liste des morts, directes et indirectes, dues au conflit de 14-18, surmontée d'une croix dont la seule présence suffit à exclure tout amalgame idéologique. La phrase introductive est déjà inhabituelle : "Hommage Respectueux...", d'autant qu'elle ne respecte pas le texte plus traditionnel du modèle proposé (La ville de ... à ses glorieux morts). Mais l'épitaphe finale (Maudits soient les responsables de la guerre et honneur à ceux qui ont travaillé pour la paix), presque identique à celle de Gentioux, ne laisse planer aucun doute sur les intentions de l'administration municipale initiatrice du projet. C'est le docteur Pierre Maurin, maire de Clans, peu suspect d'idéologie "pacifiste", qui est l'auteur de cette maxime. Le sous-préfet de l'arrondissement de Puget-Théniers assista même à l'inauguration, le 20 novembre 1921 !

Plus monumental, le second a été élevé à Peille, dans la vallée du Paillon, à quelques encablures de Nice et de la Côte d'Azur, sur un promontoire rocheux visible de tous les points du village. Dans une posture traditionnelle (la main gauche sur le coeur, les yeux levés au ciel), un Poilu de pierre se dresse sur un piédestal où l'on a gravé, sur trois des faces, le nom des 51 habitants de la commune tués au combat. C'est la quatrième face, à l'avant, qui rattache ce monument à la typologie "pacifiste" : un bas-relief représente un enfant aux pieds d'une femme en train de filer. On imagine sans peine la représentation de la veuve et de l'orphelin, autres laissés pour compte du conflit. En dessous, gravé sur l'encadrement, figure le sixième Commandement : "Tu ne tueras point". Là encore, la référence au Décalogue et la représentation du Poilu ne laissent aucun doute sur l'absence de motivation idéologique dans la conception du monument.