"Laurent MALLARD se plait à dire qu’il n’est qu’un facteur comme les autres. Il travaille en zone rurale, dans la Creuse, où la moyenne d’âge des habitants est la plus élevée de France. Alors, oui, lorsque les habitants de Royère-de-Vassivière, petite commune de 642 âmes, lui demandent un petit service, il ne refuse jamais. En plus du courrier, il lui arrive de ramener des médicaments, du tabac, des journaux…
"Dans le village où je travaille, les habitants sont souvent âgés et isolés. En zone rurale, il n’y a plus de commerces de proximité et ils sont obligés d’aller faire leurs courses à plusieurs kilomètres de leur domicile, ce qui nécessite un moyen de locomotion. Et comment faire si, comme c’est souvent le cas, ils sont démunis ou impotents ?" explique Laurent Mallard. Face à la détresse de ces personnes coupées du monde, "tous les facteurs rendent ce type de services", renchérit-il.
"C’est un des fondements de mon métier qui s’écroule"
Pourtant, ses habitudes plutôt louables ne plaisent pas à sa hiérarchie. Le jour où il a été contrôlé, avec ses collègues, sur le temps passé pour sa tournée quotidienne, il a travaillé comme à son habitude, rapportant des cigarettes et le journal à un couple de retraités. La personne chargée de le suivre a immédiatement dénoncé son comportement et il a dû s’expliquer auprès de sa supérieure. Interrogé sur sa profession, Mallard se justifie: "Pour moi, aider les personnes, cela fait partie du métier. Parfois, le facteur est la seule visite qu’ils reçoivent de la journée. Ils sont heureux de pouvoir échanger quelques mots".
Aujourd’hui, Laurent MALLARD attend la décision de sa direction. Il ne sait pas encore s’il sera licencié. Il ne sait pas non plus de quelle façon il exercera son métier s’il est maintenu à son poste. "Ca me paraît difficile d’envisager ce travail sans aider les gens. Si La Poste interdisait aux facteurs de rendre des services à la personne, c’est un des fondements de mon métier qui s’écroulerait. Mais si la direction prend cette décision, des milliers de facteurs seront concernés"."
Article du journal l'Express du 20 mars
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