Martin Nadaud est né en 1815 à la Martinèche, village de la commune de Soubrebost proche de Bourganeuf. Ses parents Léonard NADAUD et Marie JULIEN ont eu trois enfants, Martin et deux filles. La petite exploitation agricole familiale ne leurs permettait pas de vivre correctement. Aussi son pére Léonard, partait tout les grandes saisons d'hivers à Paris comme maçon. Martin connut une enfance rude entre les travaux des champs et la garde des moutons. Contrairement aux habitdes de la région son pére imposa que Martin étudie pour lire et écrire.
Mais à l'age de 15 ans en 1830, comme la plupart des creusois à cette époque, il part avec son pére et les hommes du village, pour travailler sur les grands chantiers de construction de Paris en tant que goujat, puis maçon. Aprés ses journées de travail de 13 heures, il fréquente des cours du soir pour parfaire ses connaissances. Puis il s'inscrit dans une école payante pour améliorer son expression écrite, enfin il fréquente l'école de medecine. En parallèle il instruit ses compagnons de labeur sur les chantiers et milite dans le parti Républicain.
Il se mari en 1839, avec jeanne, ils eurent une fille unique en 1845, mais celle ci fut confiée à Léonard son pére quand sa femme est morte en 1851.
En 1848, il entre en politique et devient le représentant des maçons au conseil des prud'hommes et à la commission du Luxembourg. En 1849, il est élu député montagnard de la Creuse. En 1852, après la prise de pouvoir du futur Napoléon III, il est jetté en prison puis il est banni et s'exile en Belgique puis en Angleterre pendant 18 ans. Il y exerçat en premier son métier de maçon, il apprend l'anglais puis en 1855, il devient professeur de français.
Il revient en France au début de la guerre de 1870 et est nommé préfet de la Creuse par Gambetta. En 1871, il est Conseiller Municipal de Paris : il relance l'activité du bâtiment, s'occupe des conditions d'hygiennes des parisiens et suit la construction du métro. Puis il est de nouveau élu député de la Creuse en 1876. Il conserve son mandat pendant 13 ans.
Il meurt à Soubrebost en 1898. Son livre "Mémoire de Léonard" est une autobiographie. Et tout le monde connait sa phrase la plus célèbre : "Quand le bâtiment va tout va".
Ci aprés un extrait de "Mémoire de Léonard"
" (...) En face de notre table se trouvait le père Faucher, le marguillier de Pontarion, vieillard universellement respecté de tout le monde de nos environs, et qui buvait aussi chopine. Mon père savait que de temps en temps, il prenait des enfants chez lui, auxquels il enseignait l'alphabet et quelques notions d'écriture.
En me posant la main sur la tête mon père dit : " Voilà un petit gars que je vous enverrais si vous vouliez l'accepter. " La réponse fut affirmative. Jamais je n'oublierais alors le " tollé " que soulevèrent ces paroles, de la part de mon grand-père et de ma mère. La conversation s'engagea aussitôt sur l'utilité et sur la non utilité de l'envoi à l'école des enfants de la campagne.
Ma mère protesta avec la plus grande vigueur disant qu'elle avait besoin de moi pour aller aux champs. Mon grand-père fut de son avis ainsi que d'autres paysans qui ne tardèrent pas à prendre part à la conversation. Enfin tous prétendirent que pour des enfants de la campagne ce qu'ils pouvaient apprendre à l'école ne leur servirait pas à grand chose, sinon à faire quelques lettres et à porter le livre à la messe.
" Depuis ton retour de Paris, disait mon grand-père, tu n'as pas passé un jour sans nous entretenir ce que tu voulais faire de ton garçon ; tu aurais mieux fait de rester à Paris que de venir là nous parler de tes projets d'école. Ni mes frères, ni toi, ni moi, n'avons appris à connaître nos lettres et nous avons mangé du pain tout de même. " (...)
Néanmoins, la fermeté de caractère de mon père, son inébranlable volonté en toute chose eurent raison de l'opinion de son père et de ma mère. (...)
Je me rendais tous les matins à Pontarion après avoir ramené les brebis à l'étable ; je restais à peine deux heures, chez le vieux marguillier, et le soir je retournais aux champs. Pendant les mois de moissons, on me gardait tout à fait. Je passai l'année à apprendre l'alphabet et à épeler les syllabes. (...) "
Martin NADAUD, "Mémoires de Léonard. Ancien garçon maçon." Bourgagneuf, A. Doubeix, 1895, pp. 10-12.
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