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Lettre de Pierre Lefèvre (né en 1897, fusillé le 16 juin 1917 à Soissons)
Seules la signature et la date sont de la main du fusillé (qui écrit d’ailleurs 1916 au lieu de 1917). La lettre, comme en témoignent le style, la composition et l’orthographe, a été rédigée par quelqu’un d’autre dans un but d’intimidation et d’appel au patriotisme.
" Chers Camarades,
Dans quelques instants je vais être fusillé pour avoir pris part aux manifestations et aux actes d’indiscipline auxquels se sont livrés, il y a quelques jours, un trop grand nombre de nos camarades.
Au moment de mourir, je comprends la gravité d’une faute qui en affaiblissant le moral de l’armée, compromettait la victoire de la France.
Je demande pardon à la patrie de la faute commise.
Mais, en même temps, je demande à tous mes camarades de comprendre le sens de mon sacrifice.
C’est devant ma douleur de condamné à mort, devant le désespoir de ma famille si tendrement aimée, devant la France pour l’amour de laquelle j’aurais voulu mourir devant l’ennemi, que je les supplie tous de ne jamais plus se laisser entraîner à des actes d’indiscipline.
Victime de la faute commise, je leur demande d’avoir pitié de la France.
Je leur demande aussi e penser aux mal heureux qui pourraient être un jour condamnés comme moi parce qu’ils se seraient laissés prendre une minute aux mensongères paroles de quelques mauvais Français.
Oh ! je vous en supplie, devant ma mort, souvenez-vous toujours, chers Camarades, que tous les soldats de France sont solidaires et qu’une faute commune peut entraîner la mort de quelques-uns.
Que mon sang, versé dans de si effroyables conditions, serve à vous unir tous dans une même volonté de discipline et contribue de cette manière à la Victoire de la France.
Adieu !
Vive la France !
Priez pour moi. De là-haut, je le ferai pour vous.
Lefèvre Pierre Gaston
Le 16 juin 1916"