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F2 L'arrière du monument

F2 L'arrière du monument

Elle se situe sur la face cachée de la stèle où figure le nom d’une femme suivi de l’épitaphe « morte de chagrin ». Ce ne fut pas sans déclencher de vives polémiques après-guerre.
En février 1921 est constituée, devant notaire à Paris, une Fondation Emma Bujardet, par Jean-Baptiste Alexandre Bujardet, son mari.
Cette fondation dote la commune de 1000 F de rente pour réaliser un monument aux enfants du pays morts pour la France et secourir les orphelins et les anciens combattants de la Forêt-du-Temple.
Alexandre Bujardet est né dans la commune en 1857, mais c’est un de ces Creusois monté à Paris où il a fait fortune comme fabricant de produits chimiques.Il pose des conditions à cette donation. Que figure sur l’édifice :
les noms de ses trois fils, Fernand (mort en 1915), René (tué en 1916), Maurice (tué en 1917),
celui de son neveu Marcel (mort en 1915),
celui enfin de son épouse Emma Marie Antonia Bujardet, née Guillot, morte de chagrin en 1917 après la perte de ses trois fils.
La municipalité accepte la donation et ouvre parallèlement une souscription publique pour la compléter. Elle sollicite à cette occasion l’avis des habitants sur le vœu de Bujardet. Sur les 98 donateurs, un seul refuse « l’inscription de la femme Bujardet ».
Alexandre Bujardet sera, plus que la municipalité, le véritable maître d’œuvre de la construction du monument dont le coût final (15 500 F) s’avèrera trois fois supérieur au montant de la souscription. C’est lui sans doute qui règlera la différence.
Inauguré le 25 mai 1922, en présence de nombreux élus creusois, l’originalité du monument suscite des remous révélateurs des mentalités de l’époque. En janvier 1922, le président de l’Association des Anciens Combattants de la Creuse signale au maire de la Forêt-du-Temple l’émoi causé dans le monde des Anciens combattants par l’inscription du nom d’une femme sur un monument réservé et élevé à la mémoire des enfants morts pour la France. « Je ne pense pas que malgré tout le mérite qui peut être attribué à la dame en question, elle puisse mériter ce titre glorieux », écrit-il et de conseiller à la commune une simple plaque apposée à la mairie.
Le maire lui répond que le nom d’Emma Bujardet figure parmi les quatre Bujardet morts pour la France et que cette inscription a été faite par la volonté unanime de ses concitoyens.

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