Dans les mailles d’un grand filet de bronze sont prises des têtes, toujours les mêmes, toujours différentes : placées à des hauteurs et à des angles divers, elles n’attirent jamais ni la lumière, ni les ombres, ni les yeux de la même façon. Ce sont les souffrances et les conditions de la mort des soldats de la Grande Guerre qui ont ému l’artiste, et, particulièrement, la multiplication des soldats rendus inconnus, déchiquetés par la puissance inouïe de l’artillerie. Sur le plateau, quatre-vingt-dix ans après, les agriculteurs labourent encore et encore des morceaux de métal, des morceaux d’os, des morceaux de pourriture. Mais ils ne retrouvent jamais de visages. Haïm Kern rend un visage, une vie, à ceux qui ont disparu par centaines de milliers, avalés par la terre et le feu.