« Retour à Les gisants (21 monuments).
Etabli bien en évidence à l'Est de la place de la gare, à l'intérieur d'un square fermé, entouré d'une haute grille, un mausolée massif en pierre de taille est élevé sur une terrasse-podium. Le socle de plan carré supporte un cénotaphe ouvert sur une profonde niche derrière une grille, évoquant un caveau qui abrite un groupe formé d'un gisant veillé par une femme mi allongée, mi accoudée derrière lui, en haut-relief. Une ouverture dissimulée sur l'arrière en hauteur donne un jour de catacombe sur les visages.: le corps allongé au premier plan est blessé, en loques, la femme surprend par son sourire étrange et sa tenue de danseuse de revue, parée à la mode des années 1920, habillée de ses seuls bijoux et ailée comme une victoire mais avec les plumes en éventail du music-hall ! Cela fit scandale et les interprétations sont multiples de cette confrontation de la coquette et de la mort atroce : compte tenu de la personnalité de l'auteur, on sent la provocation et la révolte.
La réalisation dure des années : le dessin du projet est fourni dès 1921 (conçu beaucoup plus ouvert) ; les sculptures sont achevées dans l'atelier de Dardé à Lodève en 1924-25 (il travaille à sa cheminée monumentale puis est absorbé par l'affaire de la vente de son atelier). Cependant les travaux sont retardés par manque de fonds jusqu'au delà de l'année de l'inauguration en 1927 (cf. sa "lette aux habitants de Clermont") puisque l'installation définitive n'aura lieu qu'en 1931.