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Jurançon

Jurançon

Ernest Gabard est né à Pau le 19 mai 1879. A 17 ans, il va suivre les cours de l'Ecole des Beaux-Arts, à Paris. Il est l'élève de Jules Thomas et s'intéresse particulièrement au cours d'anatomie du Professeur Cuyer. Il fréquente aussi l'atelier d'Auguste Rodin, sans jamais être, toutefois, son praticien. A la fin de son apprentissage, déçu par l'atmosphère de l'école, les clans et les coteries des milieux artistiques parisiens si éloignés de son caractère indépendant et de sa franchise naturelle, il choisit de regagner son Béarn natal. Léon Bérard, de l'Académie française, affirmait en 1954 : " Gabard déroge au type du sculpteur classique, homme aux longs cheveux, à la barbe dissidente vivant à Montparnasse, soucieux surtout d'obtenir les médailles officielles. Gabard a voulu être sculpteur à Pau… son œuvre porte la marque du terroir… " Toute sa vie durant, Ernest Gabard travaillera dans son atelier palois et donnera la mesure de son talent dans des disciplines artistiques très variées, dessins, aquarelles, peintures, pointes sèches, bois gravé, taille directe sur bois ou pierre. La ville de Pau peut s'enorgueillir de posséder deux de ses fontaines. Il inventa, avec humour, un personnage, ancêtre de la BD, le Caddetou, le cadet, type social du paysan béarnais, malin et pittoresque, portant béret, blouse ample, sabots et parapluie sous le bras. Témoin de son temps, des débuts de l'aviation à Pau, aux temps héroïques des frères Wright, de Védrines ou de Blériot, il réalisa de nombreuses affiches, coupes et trophées ainsi que des statuettes. Il immortalisa tout ce que la région a compté de gloires politiques, intellectuelles ou sportives. De ses nombreuses réalisations dans le domaine religieux, on peut retenir le chemin de croix de l'église Notre-Dame à Pau ; cette œuvre sculptée de pierre dure, si différente de l'imagerie sulpicienne de l'époque, est traitée avec une grande sobriété, laissant uniquement aux visages et aux mains le soin de traduire et de raconter la tragédie. Enfin, sa mobilisation pour les quatre années de la guerre 14-18 fait de lui un artiste combattant, et les 42 aquarelles, ici publiées, évoquent la vie au front de novembre 1915 à avril 1916. Cet homme courageux, lucide, qui se considère comme un " miraculeux rescapé " de Verdun témoignera des souffrances atroces de la " génération sacrifiée " en érigeant, après la guerre, une quinzaine de monuments aux morts dans le Sud-Ouest de la France. Ces monuments ,dont celui de Jurançon, émouvants participent de la vision pacifiste, de la réprobation silencieuse de cet artiste patriote face à la guerre. Toute sa vie fut empreinte d'une grande honnêteté artistique dans sa quête de la vérité et de la sincérité. Ernest Gabard s'est éteint à Pau le 7 avril 1957.

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